Une Fête du 8 Mars Pas Comme les Autres
Loudmila, une femme de quarante ans au caractère bien trempé, découvrit par hasard les plans que son mari, Gennadiy, avait soigneusement échafaudés sans lui en parler. Il avait invité toute sa famille pour célébrer la Journée de la Femme : ses parents, sa sœur Tatiana, son mari et leurs enfants. Sans même lui demander son avis.
L’idée même de se retrouver à jouer les hôtesses pour une belle-famille qui ne l’appréciait pas la mit hors d’elle. Elle voyait déjà le scénario : une journée passée derrière les fourneaux, forcée de sourire et de servir des gens qui ne lui montraient jamais la moindre reconnaissance.
« Oh non, mon cher, cette fois-ci, ça ne passera pas. »
Loudmila n’était pas du genre à se laisser manipuler. Si Gennadiy pensait pouvoir faire plaisir à sa mère et à sa sœur à ses dépens, il allait vite déchanter.
Un Mari Pris à Son Propre Jeu
En rentrant du travail ce soir-là, elle surprit Gennadiy en pleine conversation avec sa mère au téléphone.
— Ne t’inquiète pas, maman, le plombier viendra bientôt pour réparer la fuite. En attendant, vous pouvez passer quelques jours chez Tatiana.
Loudmila, qui rangeait les courses dans la cuisine, prêta davantage attention en entendant son nom.
— Quoi, maman ? Loudmila ? Non, elle n’est pas encore au courant… Mais ne t’inquiète pas, elle ne dira rien. Et si jamais elle s’y oppose, je saurai la convaincre.
Loudmila haussa un sourcil. Il pensait vraiment qu’elle allait accepter ça sans broncher ?
Elle entra dans le salon et le fixa d’un air faussement surpris.
— Eh bien, mon chéri, on dirait que tu as tout organisé sans moi. J’ai hâte d’entendre ton explication.
Gennadiy eut un petit rire nerveux.
— Écoute, ma mère est embêtée avec ses problèmes de plomberie, et Tatiana est de mauvaise humeur… Alors, j’ai pensé qu’on pourrait tous se réunir ici. Ce n’est pas un problème, n’est-ce pas ? Juste un petit repas en famille, du thé et un gâteau…
Du thé et un gâteau ? Loudmila retint un éclat de rire sarcastique. Sa belle-mère et sa belle-sœur adoraient se goinfrer, surtout aux frais des autres. Elles ne se contenteraient jamais d’un simple thé.
Elle répondit calmement :
— Bien sûr, Gennadiy. C’est noté.
À cet instant, un plan se dessina dans son esprit. Cette année, elle allait leur donner une leçon qu’ils n’oublieraient pas.
Une Surprise Bien Préparée
Le matin du 8 mars, Loudmila se leva tôt. Elle prit son temps pour faire un peu de sport, se doucher, puis prépara un petit-déjeuner léger pour elle seule.
À dix heures, Gennadiy émergea enfin de la chambre.
— Qu’est-ce que tu comptes préparer pour le repas ? Il est presque midi, ils arrivent à 14 heures, demanda-t-il d’un ton pressé.
Loudmila, impassible, sirota son café.
— Ne t’inquiète pas. J’ai tout prévu.
Son calme intrigua son mari, mais il haussa les épaules.
— Bon, je vais aller chercher tout le monde alors. J’achète un gâteau en passant ?
— Excellente idée ! Après tout, tu as promis du thé avec un gâteau.
D’un ton faussement rassurant, elle ajouta :
— Ne traîne pas trop en chemin, ils vont arriver affamés.
Dès que la porte se referma derrière lui, Loudmila enfila une tenue de ski, prit son sac et son thermos et sortit de l’appartement.
Direction : un week-end entre amies à la montagne.
Une Réception Inoubliable
Pendant ce temps, Gennadiy ramenait fièrement toute sa famille.
— Allez, entrez ! dit-il en ouvrant la porte, s’attendant à une table bien dressée et une délicieuse odeur de plats mijotés.
Mais à l’intérieur, le silence était assourdissant.
Tatiana fronça les sourcils.
— Mais… où est la nourriture ?
Sa mère ouvrit le réfrigérateur. Vide.
— C’est une blague ? Où est Loudmila ?
Gennadiy sortit son téléphone et l’appela.
— Louda ?! Où es-tu ?
Elle répondit d’une voix joyeuse, le souffle coupé par l’air frais de la montagne.
— Oh, je suis en pleine descente de ski avec Alla. Tu voulais quoi ?
— Tu plaisantes ?! Tout le monde est là, et il n’y a rien à manger !
Loudmila rit doucement.
— Tu as dit “thé avec un gâteau”, non ? Tu as bien pris le gâteau ? Alors, tout va bien.
— Mais… mais… balbutia Gennadiy, incapable de croire ce qu’il entendait.
Sa mère explosa.
— Elle se moque de nous ! C’est inadmissible !
Tatiana fulmina.
— On a rien mangé de la journée, on s’attendait à un vrai festin !
Dmitry, le mari de Tatiana, tenta de calmer les choses.
— Pourquoi ne pas commander une pizza ?
La belle-mère rétorqua, outrée :
— Une pizza pour la Journée de la Femme ? C’est ça ton idée d’un repas de fête ?
Gennadiy s’affaissa sur une chaise.
— Qu’est-ce qu’on fait alors ?
Tatiana, furieuse, croisa les bras.
— On rentre. Je refuse d’être traitée comme ça !
Toute la famille, dépitée, quitta les lieux en fulminant.
Gennadiy, seul dans l’appartement, soupira. Il n’avait jamais vu sa femme agir ainsi.
Son téléphone vibra. Un message de Loudmila :
“Je rentrerai quand tu auras tout nettoyé. Et l’an prochain, ne t’avise plus de décider pour moi sans me consulter. Bonne fête !”
Il comprit alors qu’il avait perdu cette bataille.
Et cette leçon, il s’en souviendrait longtemps.