Il m’a demandé un mois de pause… pour mieux me remplacer chez moi
Lorsque Marc m’a suggéré de faire une « pause » dans notre vie de couple, je n’ai d’abord pas su quoi répondre. Il parlait d’une séparation temporaire d’un mois, soi-disant pour mieux « nous retrouver ».
J’ai trouvé ça étrange, mais il m’a tellement vanté les bienfaits de cette démarche — une mode moderne selon lui — que j’ai fini par céder.
— Ce sera comme redécouvrir l’un l’autre, tu verras, m’a-t-il soufflé, en sirotant son café. Tu vas me manquer, et je te manquerai. On reviendra plus forts.
Contre toute logique, j’ai accepté. J’ai emballé quelques affaires, trouvé un petit studio en ville, et j’ai essayé de me convaincre que c’était une opportunité.
Mais dès la première semaine, j’ai compris que quelque chose clochait. Marc appelait peu, ne répondait pas à mes messages, et justifiait ça par un besoin de « souffler ».
J’ai commencé à douter.
Un soir, alors que je recevais ma sœur Claire, je lui ai confié mes inquiétudes.
— Tu crois vraiment que c’est une bonne idée, Élodie ? m’a-t-elle demandé, son verre de vin à la main. Je trouve ça louche.
— Moi aussi. Mais à chaque fois que j’en parle, Marc se braque… Alors je le laisse faire.
Claire fronça les sourcils.
— Fais attention. Je sens qu’il y a anguille sous roche.
Et elle avait raison.
Un samedi soir, alors que je coupais des légumes pour le dîner, mon téléphone a sonné. C’était mon ancienne voisine, Madame Dupuis.
— Élodie ! Tu dois venir tout de suite chez toi, c’est urgent !
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Il y a une femme dans ta maison. Elle fouille dans tes affaires.
Le couteau m’est tombé des mains.
Je me suis précipitée en voiture, le cœur au bord de l’explosion.
Quand j’ai ouvert la porte de notre maison, j’ai failli m’évanouir.
Au beau milieu de la chambre… se tenait la mère de Marc. Madame Lambert.
— Que faites-vous ici ?! ai-je crié.
— Élodie, tu rentres plus tôt que prévu, dit-elle en haussant à peine un sourcil. Je fais un peu de rangement.
Elle tenait l’un de mes sous-vêtements entre ses doigts gantés, avec une grimace de dégoût.
— Du rangement ? Vous videz mes tiroirs et jetez mes affaires !
Elle me montra plusieurs sacs-poubelles remplis de mes vêtements.
— Marc m’a demandé de remettre de l’ordre dans cette maison. Tu sais, ce genre de tenue n’est pas digne d’une femme mariée.
Je n’en croyais pas mes oreilles.
Quand Marc est finalement rentré, je l’attendais dans le salon, la mâchoire serrée.
— Qu’est-ce que c’est que ce cirque ?! ai-je lancé dès qu’il a franchi le pas de la porte.
Il eut l’audace de soupirer.
— Calme-toi, maman aide, c’est tout.
— Aider ?! Elle jette mes affaires !
— Élodie, ces derniers temps, tu t’es un peu laissée aller. La maison était sens dessus dessous… Il fallait faire quelque chose.
— Tu veux dire que cette « pause » servait à me remplacer chez moi ?!
Il haussa les épaules, comme si tout ça n’était rien.
Je n’ai pas attendu de nouvelles explications.
J’ai récupéré ce que je pouvais, fourré mes dernières affaires dans une valise et claqué la porte.
Trois jours plus tard, j’avais un avocat.
Marc ne voulait pas d’une partenaire. Il voulait une femme docile, qui corresponde à ses attentes… et à celles de sa mère.
Aujourd’hui, je vis chez Claire en attendant de trouver mon propre chez-moi.
Mais cette fois, ce sera un espace à moi, rien qu’à moi.
Et je ne laisserai plus jamais quelqu’un me faire douter de ma place.
Fin.