Je les aime plus que tout.
Depuis le jour de leur naissance, j’ai endossé mon rôle d’oncle avec fierté — celui qui cache des desserts sous la table, rapporte des souvenirs de chaque pays visité, et transforme chaque anniversaire en fête inoubliable.
Alors, pour leurs huit ans, je voulais marquer le coup.
Pas de jouets. Pas de gadgets.
Un véritable rêve : un séjour complet à Disney World.
Victor, mon frère, était aux anges. On a tout organisé ensemble, dans les moindres détails, pour que les garçons vivent une aventure magique.
Mais il y en avait une qui ne partageait pas notre enthousiasme : sa femme, Emma.
Je m’en souviendrai toujours.
C’était un soir banal, j’attendais ma commande de plats à emporter quand mon téléphone a vibré.
Emma.
Je l’ai regardé longuement en soupirant. J’ai failli ne pas décrocher. On n’était pas vraiment proches, elle et moi. J’ai cru qu’elle appelait pour parler du voyage — un détail à confirmer, un horaire à ajuster, comme à son habitude.
Mais non.
Quand j’ai répondu, j’ai su que j’allais le regretter.
« Bill, seuls les parents et les enfants sont invités à l’anniversaire. On n’a pas besoin de toi là-bas. »
J’ai froncé les sourcils.
« Pardon ? »
Sa voix était douce, mais glaciale.
« Tu vis une vie… disons instable. À ton âge, tu n’as ni foyer, ni attaches, tu voyages sans arrêt. Tu n’es pas exactement le modèle qu’on souhaite pour nos enfants. »
Ses mots ont résonné fort. Trop fort.
Mais venant d’Emma, ce n’était pas surprenant.
« Je suis leur oncle, Emma. Je les aime. »
Elle n’a même pas bronché.
« Tu es juste l’oncle marrant. Pas quelqu’un sur qui ils peuvent compter. La fête a lieu le week-end prochain, pendant que je suis en déplacement professionnel. Ce sera sur le thème des super-héros. Envoie un cadeau si tu veux, je leur dirai que c’est de ta part. »
Un coup de poignard.
Tous les voyages que j’avais financés, les urgences où j’avais accouru, les petits gestes quotidiens pour ses enfants… Rien de tout ça ne comptait.
Plus tard, Victor m’a appelé.
« Je suis désolé, mec… J’ai entendu ce qu’elle t’a dit. Mais tu la connais… Je suis coincé. »
Je ne lui en ai pas voulu. Il faisait ce qu’il pouvait.
Mais je refusais que ce soit Emma qui définisse ma place dans cette famille.
Alors, j’ai eu une idée. Bien meilleure.
Emma devait partir pour une semaine de séminaire professionnel. Parfait.
Quand j’ai proposé le plan à Victor, il a hésité.
« Si elle découvre ça… Tu sais comment elle est. »
« Elle le découvrira, Vic. Mais seulement après. Et ce jour-là, crois-moi, ça ne comptera plus. »
Il a soufflé lentement.
Puis, à ma grande surprise, il a dit oui.
« D’accord. Mais si elle demande, je ne dirai pas qu’on part à Disney. Je lui parlerai d’un week-end nature. Elle déteste ça. »
J’ai souri. Il la connaissait bien.
« Camping ? »
Il a haussé les épaules. « Elle me laissera partir les yeux fermés. »
Et il avait raison. Quand il lui a parlé du « camping », elle a haussé les épaules.
« Amuse-toi bien avec tes moustiques et ta tente. Préviens-moi quand tu reviendras à la vraie vie. Et garde les garçons en sécurité. »
Elle n’avait pas la moindre idée de ce qui l’attendait.
Alors, avec Emma loin de nous, j’ai emmené ma vraie famille — Victor, les jumeaux et nos parents — à Disney World.
Cinq jours, quatre nuits, entièrement offerts.
Magique.
Dès qu’on a franchi les portes du Magic Kingdom, les yeux des garçons se sont illuminés. Leurs visages rayonnaient d’un bonheur pur, éclatant, contagieux.
C’était leur rêve. Et j’étais là pour le leur offrir.