J’attendais un fils… mais c’est ma fille qui a changé ma vie

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— Thomas, c’est une fille, 3,5 kilos ! — s’est écriée Claire au téléphone, la voix tremblante d’émotion.
J’étais sous les fenêtres de la maternité, le cœur battant, regardant ma femme me faire signe avec ce petit être blotti dans ses bras.
— Une fille ? Mais… on nous avait dit que ce serait un garçon !

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Un silence s’installa au bout du fil, puis elle murmura doucement :
— Peut-être qu’ils se sont trompés…

Je me suis éloigné lentement, passant entre les pères enthousiastes dessinant des cœurs sur l’asphalte, entourés de voitures décorées de rubans et de ballons colorés, entourés de leurs familles venues en nombre.

Depuis toujours, j’avais ce rêve ancré en moi : avoir un garçon. Un fils à qui transmettre mon nom, mes passions, mes valeurs.
Pendant la grossesse, je m’imaginais déjà nos parties de football improvisées dans le jardin, nos après-midis à pêcher au bord de la rivière, nos longues conversations père-fils… Je me voyais déjà vieillir à ses côtés, fier de l’homme qu’il serait devenu.

Claire et moi avions attendu ce moment pendant des années. Après tant d’examens, de rendez-vous médicaux, d’espoirs déçus… Cinq ans d’attente. Et puis un jour, elle m’avait annoncé, rayonnante :
— Thomas… on va avoir un bébé.

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Alors oui, j’avais idéalisé. Imaginé un héritier.
Mais ce jour-là, j’étais perdu.

— Thomas ? C’est bien toi ?
Je me suis retourné, surpris par cette voix familière.
— Paul ! Ça alors, ça fait une éternité !
— Je suis ici pour ma mère, elle est un peu malade… Et toi ?
— Je sors de la maternité. Ma femme vient d’accoucher… d’une fille.
— Félicitations ! dit-il avec un sourire.

Mais il a bien vu que quelque chose clochait.

Il a proposé qu’on s’installe au café voisin. On a commandé deux expressos, comme au bon vieux temps de la fac.
— Toi aussi tu attendais un garçon, pas vrai ?
J’ai hoché la tête.
— On a tous cette idée du petit gars qui nous ressemble, c’est naturel. Moi aussi, j’ai connu ça. Mais ma femme a accouché d’une fille. Et je ne m’attendais pas à ce que ça me transforme autant…

Je l’ai regardé, curieux.
— Elle est là, avec toi ?
Ses yeux se sont assombris. Il a baissé la tête, sa voix est devenue grave :
— Je suis seul maintenant… Elles sont parties. Il y a un an. Accident.
J’ai voulu répondre quelque chose, mais les mots ne venaient pas.
— Désolé…
— C’est la vie, dit-il doucement. Je vais m’installer chez ma mère, refaire l’appartement, peut-être changer de travail.

Nous avons parlé longtemps, de tout, de rien, des années d’études, des gens qu’on avait perdus de vue. Avant de partir, je lui ai donné mon numéro.
— Appelle-moi, n’importe quand.

Le lendemain matin, bouquet de pivoines sous le bras et une grappe de ballons multicolores, je suis revenu devant la maternité.

— Claire…
— Oui ?
— Je suis désolé. Je suis fou de joie d’être papa. D’une petite fille. Notre fille. Elle est comment ?
— Elle te ressemble comme deux gouttes d’eau !
— Vraiment ? J’ai été idiot hier…
— Tu n’as rien à te faire pardonner. Tu as juste été surpris.

Elle ajouta doucement :
— Elle est en pleine forme. Elle dort, elle mange, et elle sourit en rêvant. Tu vas la rencontrer bientôt.

Nous n’avons pas eu d’autres enfants. La naissance a été compliquée, et Claire a dû faire face à des conséquences durables.
Mais notre fille a grandi, pleine de vie et de sagesse. Elle est aujourd’hui une jeune femme brillante, généreuse, belle à l’intérieur comme à l’extérieur. Nous sommes si fiers d’elle.

Et Paul ? Il est devenu son parrain.

Je repense souvent à cette conversation, à ce moment charnière. Elle m’a appris à ouvrir les yeux sur ce qui compte vraiment.
À aimer, sans condition.
À accueillir la vie telle qu’elle est.
Et à ne jamais passer à côté de l’amour, juste parce qu’il prend une forme qu’on n’avait pas imaginée.

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