À l’époque victorienne, les cheveux longs n’étaient pas qu’un simple choix esthétique : ils incarnaient la richesse, la santé et le statut social. Contrairement aux coiffures courtes, qui ont gagné en popularité au début du XXe siècle, arborer une longue chevelure était perçu comme un marqueur puissant de distinction sociale. Mais pourquoi tant de femmes refusaient-elles de couper leurs cheveux à une époque où les avancées en matière d’hygiène et de médecine transformaient la société ?
La réponse réside autant dans des considérations pratiques que dans les normes de classe. Malgré l’essor du savon, du shampoing et d’une meilleure compréhension des microbes, les cheveux longs demeuraient un symbole de privilège. Si garder les cheveux courts permettait de se prémunir contre les poux et autres parasites – particulièrement en période d’épidémie –, une chevelure abondante témoignait d’un niveau de vie élevé. Les femmes issues de familles aisées pouvaient se permettre d’investir du temps et des ressources dans l’entretien de leur chevelure, ce qui renforçait leur statut.
À l’inverse, les classes populaires privilégiaient souvent les coupes courtes par nécessité. Le manque de moyens et de temps rendait difficile le soin des cheveux longs, et l’accès à des services de coiffure était hors de portée. Tandis que les dames de la haute société passaient des heures à laver, brosser et coiffer leurs cheveux – ou déléguaient ces tâches à des domestiques –, les femmes des milieux modestes devaient opter pour des solutions plus pratiques.
Par ailleurs, la valeur économique des cheveux longs était non négligeable. De nombreuses femmes aux revenus précaires faisaient pousser leur chevelure avec l’intention de la vendre, car les cheveux naturels étaient très prisés pour la confection de perruques et d’extensions. Ainsi, au-delà du symbole de beauté, la chevelure représentait pour certaines une source de revenus.
En définitive, les longues chevelures de l’époque victorienne allaient bien au-delà de l’apparence : elles reflétaient le statut social, la santé et même des opportunités économiques, soulignant les inégalités entre les différentes classes de la société.