La Dame Encolérée et le Chat sur le Banc

Advertisements

Chaque matin à 8h00 précises, Madame Dupont s’installait sur le même banc du parc près de la fontaine, jetant des miettes de pain rassis aux oiseaux tout en sirotant son thé tiède dans un thermos. Elle aimait les choses ordonnées, tranquilles, et sans interruption.

Advertisements

Mais un matin, sa routine paisible fut perturbée.

Un chat errant, orange avec des touffes de fourrure manquantes et un léger boitement, s’approcha de ses pieds. Il ne miaula pas. Il resta simplement là, fixant — sans mendier, juste en observant.

Madame Dupont fronça les sourcils. « Va-t’en ! Tu n’as pas ta place ici. »

Le chat ne bougea pas. Il resta immobile, ses yeux vitreux mais calmes. Cela la rendit encore plus en colère.

Advertisements

Elle attrapa son sac et donna un coup sec au chat avec son sac — pas fort, mais assez pour lui faire comprendre. Le chat recula légèrement, le regardant un instant avant de s’éloigner en boitant derrière un buisson.

Elle souffla. « Créatures dégoûtantes, » marmonna-t-elle.

Mais quelque chose la tracassait. Toute la journée, elle repensait à ces yeux — doux, résignés, et bien trop calmes pour un animal en souffrance. Cette nuit-là, elle dormit à peine.

Le matin suivant, la curiosité la poussa à retourner sur le même banc. Elle jeta un coup d’œil derrière le buisson.

Le chat y était, couché enroulé autour d’une petite boule de fourrure grise. Un chaton.

Le chat plus vieux avait donné la dernière de sa chaleur, son corps protégeant le bébé du froid de la nuit. Sa respiration était faible.

Les yeux de Madame Dupont se remplirent de larmes, sans qu’elle ne puisse les retenir.

Sans un mot, elle prit le chat dans son châle et porta les deux animaux chez elle. Elle ne s’arrêta même pas pour le thé.

Plus tard, à la clinique vétérinaire, le médecin secoua la tête. « Si vous aviez attendu un jour de plus, ils n’auraient peut-être pas survécu. »

Elle hocha la tête en silence.

La femme autrefois en colère partage maintenant son petit appartement avec un chat roux nommé Citrouille et son chaton espiègle, Brume. Elle va toujours au parc, mais maintenant elle porte un deuxième thermos — rempli de lait chaud — et un cœur plus doux.

Les gens disent que Madame Dupont sourit davantage ces jours-ci. Peut-être parce que, dans un moment de calme sur un banc de parc, un chat errant lui a rappelé quelque chose qu’elle avait longtemps oublié :

Que la gentillesse ne coûte rien, et parfois, elle sauve bien plus qu’une vie.

Advertisements