Nés entre 1952 et 1979 : entre deux époques, nous avons tout vécu

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Je m’appelle Claire. Je suis née en 1965, dans une époque où l’on écrivait encore des lettres à la main, où le mot “connexion” n’avait rien à voir avec Internet, et où les dimanches sentaient le gâteau au yaourt et la naphtaline.

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Je fais partie de cette génération un peu invisible, qu’on appelle aujourd’hui “X”.
Mais moi, je dirais plutôt que nous sommes la charnière.
Ceux qui ont connu un monde sans écrans… et qui ont dû apprendre à tout réinventer avec eux.

Une enfance de liberté
Je me souviens des fins d’après-midi où l’on jouait dehors jusqu’à ce que les lampadaires s’allument.
On criait le prénom des copains depuis la fenêtre, on faisait du vélo sans casque dans les ruelles,
et personne ne nous cherchait sur WhatsApp—on savait juste où se retrouver.
Nos genoux portaient les cicatrices de nos aventures, et nos mains, la poussière des terrains vagues.

Chez nous, le téléphone avait un cadran, il fallait faire tourner les chiffres et attendre le retour du petit disque.
Les courses se faisaient avec un filet en ficelle,
et une pièce de cinq francs permettait d’acheter un paquet de fraises Tagada.

Des objets, des sons, des gestes oubliés
On a connu les vinyles et leurs craquements magiques,
les cassettes qu’on rembobinait avec un stylo,
les heures passées à espérer que la radio joue notre chanson pour pouvoir l’enregistrer.

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Et puis il y avait les débuts du jeu vidéo :
les cartouches de console qu’il fallait souffler dedans pour qu’elles fonctionnent.
Pac-Man, Space Invaders… c’était la révolution dans nos salons.

La vie avant les protections
Je suis partie en vacances à l’arrière d’une voiture sans ceinture,
avec mes deux frères assis sur des coussins.
On n’avait pas de crème solaire, pas de casques à vélo,
et pourtant on rentrait toujours bronzés, fatigués, mais heureux.

On partageait les sodas à la bouteille,
on mangeait un bonbon tombé par terre après un petit “pouah”
et si quelqu’un avait des poux, une cuillère de vinaigre réglait le problème.

L’apprentissage par l’expérience
À l’école, nos cartables pesaient une tonne,
et on les portait sur le dos, sans roulettes, sans plainte.
On apprenait à écrire en cursive, à lire les cartes routières,
et on connaissait par cœur le numéro de téléphone de mamie.

On partait en voiture pendant des heures, sans tablette, sans dessin animé.
Juste des jeux, des chansons inventées à plusieurs voix,
et la fameuse question lancinante : “Quand est-ce qu’on arrive ?”

Une jeunesse sans filtres
Nos parents ont acheté leur maison avec un seul salaire.
Aujourd’hui, j’y vis encore. Je regarde les murs et je me dis :
“Comment ont-ils fait ?”

On regardait les dessins animés du samedi matin,
on écoutait des feuilletons à la radio en se couchant,
et le soir, les adultes parlaient dans la cuisine pendant qu’on chuchotait sous les couvertures.

On a dansé sur les Beatles, chanté du Johnny Hallyday,
pleuré sur les mélodies de Michel Berger,
et découvert le rock à travers Led Zeppelin ou Téléphone.

Les liens tissés dans la vraie vie
Nos amitiés se sont créées en jouant dans la rue,
pas en likant une photo.
On n’était pas des profils, on était des surnoms :
“la grande Claire”, “le rêveur Jérôme”, “Ludo le marrant”.
Et chacun avait sa place, sans avoir besoin de se vendre.

On a appris en tombant, en essayant, en recommençant.
Sans tutoriels, sans vidéos explicatives.
Juste avec la vie et les autres.

Aujourd’hui, on est là
On a vu Internet arriver, on a appris à envoyer des mails,
à utiliser un smartphone, à créer un compte bancaire en ligne.
On a dû évoluer, s’adapter, et apprendre à vivre dans un monde qui changeait chaque jour.

Mais dans le fond, on est restés les mêmes.
Curieux. Résistants. Un peu nostalgiques parfois, mais toujours présents.

Ils nous appellent la Génération X.
Mais nous sommes bien plus qu’une lettre.

Nous sommes des passerelles.
Nous sommes ceux qui n’ont pas grandi avec un écran,
mais qui ont appris à y laisser une trace.

Et même si on parle peu de nous,
je crois qu’on est la mémoire d’un monde qui avait encore le temps de vivre

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