C’est à toi de faire la vaisselle !” ai-je lancé, défiant ma belle-mère du regard.

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Cette vaisselle, c’est à vous, alors c’est à vous de la laver ! » éclatai-je, lançant un regard perçant à ma belle-mère, Marie-Claire. La colère bouillonnait en moi, et je n’en pouvais plus de me taire. Cette pile d’assiettes sales dans l’évier avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Elle symbolisait son indifférence totale face à tout ce que je faisais à la maison. Moi, Élodie, belle-fille de vingt-cinq ans, j’en avais assez d’être traitée comme une servante dans cette maison qui devait pourtant être un refuge pour nous tous.

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« Elle m’a poussée à bout ! » confiai-je à mes amies, la voix tremblante de frustration. Marie-Claire venait de prendre sa retraite et semblait avoir décidé que son seul but dans la vie était de regarder des séries en grignotant. Dans notre appartement à Lyon, où nous vivions tous les trois — mon mari Théo, elle et moi — sa présence était devenue insupportable. Ses journées se résumaient à manger sans cesse : tartines de saucisson, biscuits trempés dans le thé, pâtisseries qu’elle achetait elle-même. Cela aurait été supportable si l’évier n’était pas rempli de vaisselle sale, une vaisselle qu’il me revenait toujours de laver.

Théo et moi étions mariés depuis six ans. Après notre mariage, nous avions emménagé chez Marie-Claire, dans son appartement de trois pièces. Nous avions prévu d’économiser pour acheter notre propre maison, et nous avions mis de côté une somme conséquente. Mais les prix de l’immobilier augmentaient plus vite que nos économies, et nous hésitions à souscrire un prêt avec un faible apport. Travailler davantage n’était pas une option non plus : Théo avait un emploi du temps déjà chargé, et je venais de reprendre le travail après mon congé maternité. Alors, nous vivions là, espérant des jours meilleurs.

Quand Marie-Claire travaillait encore, elle contribuait un peu aux courses. Mais depuis sa retraite, elle semblait nous avoir oubliés. Elle vivait avec sa pension, sans se priver — éclairs au chocolat, fromages fins, jambon. Son embonpoint devenait de plus en plus visible, mais elle haussait les épaules en disant : « Je me sens bien comme ça ! » Puis elle s’installait devant la télé avec un nouvel encas. À 60 ans, elle agissait comme si elle en avait 80, sa seule occupation étant de manger et de dormir.

« Elle ferait bien de perdre quelques kilos ! » grommelais-je souvent en la voyant revenir du supermarché avec un gâteau. Mais ce n’était même pas le pire. Elle ne sortait jamais, ne voyait jamais d’amies, ne faisait que des allers-retours pour ses courses. Et à la maison ? Aucun geste pour aider. Toutes les tâches ménagères reposaient sur mes épaules, et je m’épuisais dans cette routine.

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Quand j’ai emménagé ici, l’appartement était dans un état déplorable. J’ai passé des jours à récurer les sols, à nettoyer les armoires, à dégraisser la cuisinière. Marie-Claire avait été surprise : « Je n’ai jamais vu mon appartement aussi propre ! » m’avait-elle dit. J’avais cru qu’elle apprécierait, mais non. Elle n’avait jamais aimé faire le ménage, et depuis sa retraite, elle s’était complètement relâchée. J’avais espéré qu’elle m’aiderait un peu, mais au lieu de ça, elle passait son temps à manger et regarder des séries.

Le pire, c’était la vaisselle. Elle accumulait des assiettes sales dans sa chambre et, chaque soir, les versait dans l’évier. Et qui les lavait ? Moi ! « J’ai arrêté de nettoyer sa chambre, disais-je à Théo. Elle n’a qu’à gérer son propre bordel. Mais la vaisselle, c’est toujours moi qui m’en charge ! » Cela me rendait folle. Je ne me plaignais pas qu’elle soit méchante — elle ne se mêlait pas de nos affaires, ne demandait pas d’argent, ne donnait pas de conseils non sollicités. Mais cette maudite pile d’assiettes sales devenait mon fardeau quotidien.

Récemment, j’en ai eu assez. « Marie-Claire, ai-je dit, je ne suis pas ta bonne ! Combien de temps vais-je encore laver ta vaisselle ? À partir de demain, occupe-toi-en toi-même ! » Elle m’a regardée comme si j’étais une traîtresse, mais elle a fini par acquiescer. J’ai pris la décision : désormais, je ne laverais que la vaisselle de Théo et la mienne. Mais rien n’a changé. Elle lavait juste deux assiettes pour pouvoir se resservir et laissait le reste. Je serrais les dents pour ne pas exploser, mais intérieurement, je bouillais.

Théo essayait de me soutenir, mais lui aussi était fatigué de cette situation. Marie-Claire vivait dans son monde, où son confort passait avant tout. Je comprenais que c’était son appartement, mais cela lui donnait-il le droit de me traiter comme une domestique ? Chaque soir, en regardant cette pile de vaisselle, je me demandais : qui a raison ? Elle, qui se considère la maîtresse des lieux, ou moi, qui aspire à un peu de justice ? Théo et moi voulions notre propre maison, notre propre espace, mais tant que nous vivrions ici, je me sentirais prisonnière, dans un endroit où même une simple assiette propre devenait un champ de bataille.

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