J’ai 60 ans. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression de m’être effacée du regard de mes proches. Mes enfants ont grandi, ont formé leurs propres familles, pris leurs responsabilités, et sont absorbés par leur vie. Mon ex-mari vit près de chez moi, mais nos échanges sont rares. Bien sûr, je continue ma routine : je vais au supermarché, je m’occupe de mon petit jardin sous la fenêtre. Mais à l’intérieur, tout me semble vide. Sans les activités habituelles, sans conversations — les journées passent plus lentement, plus silencieuses.
Je vis seule depuis de nombreuses années. Mes enfants vivent dans d’autres villes. Mes petits-enfants grandissent, mais je ne les connais presque pas. C’est triste, mais je m’efforce de ne pas en vouloir à personne — chacun a sa vie, son rythme, ses priorités.
Quand j’ai proposé mon aide — aller, m’occuper des enfants — ma fille m’a remerciée, mais m’a dit que ce n’était pas nécessaire. Dans sa famille, ils ont leurs propres règles, et je le respecte. Oui, parfois cela me fait mal, mais j’essaie d’accepter la situation avec compréhension. Le temps passe et les relations changent — c’est ainsi, c’est la vie.
Quand je me suis retrouvée à la retraite, je pensais pouvoir enfin me consacrer aux choses que je n’avais pas eu le temps de faire avant : des balades, des loisirs, des formations. Mais il y a aussi ce sentiment d’anxiété qui est apparu — des changements d’humeur soudains, des palpitations, des pensées envahissantes. Je suis allée chez le médecin, j’ai fait des examens — tout allait bien. Un spécialiste m’a suggéré que cela pourrait être lié à la solitude.
La solitude n’est pas une maladie, mais c’est un état qu’il faut apprendre à gérer. Parfois, il suffit d’un peu de soutien : un mot, un regard, un appel. Je fais de mon mieux pour ne pas me refermer sur moi-même. Parfois, je sors juste pour saluer quelqu’un, pour sentir que je fais encore partie de la société.
Oui, je me demande : aurais-je pu être plus douce, plus attentionnée ? Mais j’ai donné ce que j’avais de mieux à mes enfants : stabilité, soin, amour. Maintenant, chacun suit son propre chemin, mais je crois que mes efforts n’ont pas été vains.
Certains me conseillent de rencontrer des gens, de me faire de nouveaux amis, de trouver une nouvelle passion. Ce n’est pas facile, mais j’essaie de continuer. Ce qui est le plus important, c’est de garder espoir. Parce qu’un mot gentil ou un simple appel peuvent changer beaucoup de choses.
Je crois que la valeur d’une personne ne disparaît pas avec l’âge. Nous restons importants, nécessaires, vivants. En attendant, je vis, je respire, je souris. Et j’attends le nouveau jour avec espoir.