Galina : De l’abandon à l’amour, le destin d’une femme qui n’a jamais renoncé
Galina courait le long du quai, le souffle court sous le poids de ses sacs, redoutant de rater le dernier train. Elle sauta à bord in extremis et, une fois assise sur un banc, tenta de reprendre son souffle. D’un geste machinal, elle sortit un petit miroir de son sac et observa son reflet : des rides marquées, des cernes profondes, des cheveux abîmés par une permanente ratée. Un soupir amer lui échappa. « Voilà ce que m’a laissé mon ex-mari… » pensa-t-elle.
Le voyage durerait plus d’une heure. Elle ferma les yeux, laissant les souvenirs la submerger. Son passé la hantait encore.
Une enfance volée
Galina ne connaissait pas ses vrais parents. À cinq ans, elle avait été retrouvée seule, affamée, errant dans une gare. Quand la police retrouva sa famille, ils découvrirent un couple noyé dans l’alcool, inconscient de la disparition de leur fille. Jugés inaptes, ils perdirent leurs droits parentaux, et Galina fut envoyée à l’orphelinat.
Là-bas, la vie était rude : la faim omniprésente, les punitions sévères, et la terreur d’être enfermée dans un débarras infesté de rats pour la moindre faute. Fragilisée par la malnutrition et la maladie, elle apprit très tôt que personne ne viendrait la sauver.
En quittant l’institution, l’État lui attribua une chambre insalubre, qui fut vite démolie sans solution de relogement. Sans toit, sans diplôme, elle trouva refuge en tant que femme de ménage dans un motel, dormant dans un placard à balais.
Un mariage illusoire
Espérant une vie meilleure, elle crut en Nikolaj, un homme qui paraissait charmant et ambitieux. Aveuglée par ses promesses, elle l’épousa rapidement. Mais l’illusion ne dura pas. Nikolaj se révéla être un bon à rien, ivrogne et menteur.
Galina travaillait jour et nuit pendant qu’il dilapidait leurs maigres économies. Après des années de sacrifices, lorsqu’elle crut enfin avoir assez d’argent pour acheter une maison, elle découvrit avec horreur qu’il avait tout volé pour une nuit de beuverie.
Folle de rage, elle le quitta et recommença de zéro.
Une nouvelle opportunité
Elle survivait à peine lorsqu’un jour, un vieil homme publia une annonce : il offrait le gîte et le couvert en échange d’une aide au quotidien. Sans hésitation, Galina accepta.
Vasily Ivanovitch, un ancien paysan, avait besoin de quelqu’un pour veiller sur lui. Au fil du temps, un lien sincère se tissa entre eux, comme entre un père et sa fille. À sa mort, il lui laissa sa maison en héritage. Mais la bâtisse tombait en ruine, et seule, Galina ne pouvait pas tout reconstruire.
Une rencontre inattendue
Une nuit d’orage, un homme épuisé frappa à sa porte. Il se présenta comme Mikhail, un géologue sans domicile. Laisser entrer un inconnu était un risque, mais Galina, poussée par une intuition inexplicable, ne put se résoudre à le renvoyer.
Mikhail se montra travailleur et discret. Il répara la clôture, l’aida dans les tâches les plus rudes, et peu à peu, sa présence devint indispensable. Mais un jour, elle découvrit la vérité : il était un ancien détenu en fuite.
Plutôt que de le chasser, elle l’écouta. Il lui raconta sa jeunesse marquée par de mauvais choix, sa détention, et son désir de rédemption. Touchée, elle décida de lui laisser une chance.
Avec le temps, leur relation se transforma en un amour sincère. Mais le bonheur fut de courte durée. Un voisin jaloux dénonça Mikhail aux autorités, et la police vint l’arrêter. Galina tenta désespérément de s’interposer, mais il lui laissa une dernière promesse : « Je t’écrirai. »
Un destin bouleversé
Les mois passèrent. Une lettre arriva enfin : « Oublie-moi. Ne m’attends pas. » Mais Galina ne pouvait pas tirer un trait sur lui.
Juste au moment où elle croyait avoir tout perdu, une nouvelle bouleversante arriva : elle était enceinte. Et pas d’un, mais de deux enfants.
Sa grossesse fut compliquée. Son état fragile obligea les médecins à l’hospitaliser jusqu’à l’accouchement. Pendant ce temps, Mikhail, enfermé derrière les barreaux, n’avait plus de nouvelles et pensait avoir été effacé de sa vie.
Le jour où il fut enfin libéré, il retourna chez Galina. Mais la maison était vide. Dévasté, il crut l’avoir perdue… jusqu’à ce qu’une voisine lui révèle la vérité : Galina était à l’hôpital, sur le point d’accoucher.
Sans attendre, il courut jusqu’à la maternité. En l’apercevant à la fenêtre, il cria :
« Merci pour nos enfants ! Je t’aime ! »
Galina, bouleversée, éclata en sanglots. Il était revenu.
Une seconde chance
Lorsqu’ils rentrèrent enfin ensemble à la maison, Mikhail se consacra entièrement à sa famille. Il construisit des berceaux en bois pour les jumeaux, retapa la maison et trouva un travail honnête. Avec Galina, ils montèrent une petite ferme, vendant du lait et du fromage.
Les années passèrent, et ils finirent par se marier officiellement. Ensemble, ils bâtirent une vie solide, dans cet endroit qui, autrefois, n’était qu’un refuge temporaire.
Après tant d’années de douleur, de solitude et de combats, Galina avait enfin trouvé ce qu’elle avait toujours cherché : un foyer, une famille et un amour sincère.