Sophie était épuisée. Chaque jour, elle enchaînait les heures de travail à l’hôpital, courant d’un patient à l’autre, à peine le temps de manger ou de se reposer. À la maison, la situation n’était guère plus facile. Sa mère, Lucie, était malade, et Sophie passait ses nuits à prendre soin d’elle, lui donnant ses médicaments et veillant à son confort. Les finances étaient tendues, les factures s’accumulaient sur la table de la cuisine, et chaque jour semblait être une bataille pour garder tout sous contrôle.
Mais Sophie ne se plaignait jamais. Elle aimait son travail parce qu’il lui permettait d’aider les autres, même si cela signifiait sacrifier son propre confort. Une nuit, après une longue journée de travail, Sophie sortit à l’extérieur de l’hôpital pour prendre un peu d’air frais.
C’est là qu’elle le vit. Un homme, vêtu de haillons, allongé par terre près de l’entrée. Ses vêtements étaient trempés et il semblait pâle et faible.
Sans hésiter, Sophie s’approcha de lui. « Vous allez bien ? » demanda-t-elle en se mettant à genoux à côté de lui. L’homme grogna, mais ne répondit pas.
Sophie appela immédiatement à l’aide et, avec l’aide d’un autre infirmier, ils le transportèrent à l’intérieur. Une fois à l’hôpital, Sophie nettoya ses blessures, l’enveloppa dans une couverture chaude et lui donna à boire. Il ne dit presque rien, se contentant de la regarder avec une profonde gratitude.
Avant de partir, Sophie lui donna une petite somme d’argent de sa poche. « Prenez ça, » dit-elle doucement. « Achetez-vous quelque chose à manger. »
L’homme hésita, puis hocha la tête. « Merci, » murmura-t-il, d’une voix à peine audible. Sophie sourit faiblement.
« Nous avons tous besoin d’aide parfois. » Elle ne savait pas que ce geste de gentillesse allait changer leur vie à tous les deux.
L’homme qu’elle avait aidé cette nuit-là resta dans son esprit. Elle ne connaissait ni son nom, ni où il était allé après avoir quitté l’hôpital, mais quelque chose en lui la marquait. Peut-être était-ce la façon dont il la regardait, comme si elle était la seule personne qui se souciait de lui. Quelques jours plus tard, Sophie le remarqua à nouveau.
Cette fois, il était assis sur un banc à l’extérieur de l’hôpital, ses vêtements toujours usés mais plus propres qu’auparavant. Il semblait perdu dans ses pensées, les yeux rivés au sol. Sophie s’approcha prudemment.
« Salut, » dit-elle doucement. « Tu te sens mieux ? » L’homme leva les yeux, surpris de la voir. « Oh, oui, merci, » répondit-il, sa voix hésitante.
« Tu m’as vraiment aidée l’autre soir. » « C’est mon travail, » répondit Sophie en haussant les épaules. « Mais je suis contente que tu ailles mieux. »
Ils parlèrent un moment. L’homme se présenta sous le nom de Thomas, bien qu’il ne parle pas beaucoup de son passé. Sophie ne poussa pas la conversation.
Elle savait que tout le monde ne voulait pas parler de ses difficultés. À la place, elle lui offrit un sandwich qu’elle avait préparé pour son déjeuner. « Je n’ai pas faim, » mentit-elle, souriant.
« Prends-le, » insista Thomas après une hésitation. « Tu es vraiment gentille. »
Au cours des semaines suivantes, Sophie croisa souvent Thomas près de l’hôpital. Parfois, il était sur le banc. D’autres fois, il se tenait près de l’entrée, observant les gens passer. À chaque fois, Sophie s’arrêtait pour lui parler, lui apportant de la nourriture ou de l’argent de poche quand elle le pouvait.
Un soir, après une journée particulièrement difficile, Sophie trouva Thomas en train de l’attendre dehors. « Je voulais te remercier, » dit-il en tendant une enveloppe. Sophie fronça les sourcils et prit l’enveloppe. À l’intérieur, il y avait une somme d’argent importante. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise. « Qu’est-ce que c’est ? Je ne peux pas accepter ça. »
« Ce n’est rien comparé à ce que tu as fait pour moi, » insista Thomas. « S’il te plaît, prends-le. Tu le mérites. »
Sophie secoua fermement la tête. « Je ne t’ai pas aidé pour que tu me rendes quoi que ce soit. Garde ton argent. »
« Je suis juste contente que tu ailles mieux. » Thomas la regarda partir, de l’admiration dans les yeux. Sophie était vraiment différente de toutes les personnes qu’il avait rencontrées.
Il décida alors qu’il devait faire plus pour elle, non seulement pour la remercier, mais aussi pour honorer la gentillesse qu’elle lui avait montrée. Malgré sa générosité envers Thomas, la vie de Sophie n’était pas facile. Chaque jour semblait être un numéro d’équilibriste, jonglant entre ses longues heures de travail, les soins apportés à sa mère malade et les factures qui s’empilaient.
Un jour, Sophie rentra chez elle et trouva des courses déposées sur le comptoir de sa cuisine : des légumes frais, du pain, des œufs, et même des médicaments pour sa mère. Il y avait aussi une enveloppe cachée sous un sac de riz.
À l’intérieur, une somme d’argent suffisante pour couvrir son loyer. Un mot accompagnait l’enveloppe : « S’il te plaît, ne tente pas de me rembourser. Laisse-moi t’aider comme tu m’as aidé. »
Les larmes coulèrent sur les joues de Sophie alors qu’elle lisait ces mots. Elle voulait refuser, mais au fond d’elle, elle savait que, pour l’instant, cette aide était nécessaire. Ses factures seraient payées, sa famille ne serait pas à la rue.
Pendant les semaines suivantes, Sophie commença à recevoir des cadeaux anonymes et de l’aide de Thomas, et se rendit vite compte que celui-ci n’était pas simplement un homme sans-abri. Un après-midi, alors qu’elle sortait de l’hôpital après une longue journée, elle aperçut quelqu’un qui l’attendait près de l’entrée. Un homme grand, vêtu d’un costume impeccable, tenant un bouquet de fleurs. À première vue, elle ne le reconnut pas.
Puis leurs regards se croisèrent, et elle éclata de surprise. « Thomas ? » s’écria-t-elle, bouche bée. Il sourit timidement, s’approchant d’elle.
« Salut, Sophie. »