Un matin crucial, le jour de mon concours d’entrée en faculté de médecine, je me réveille en sursaut : il est déjà 9 h 55. Toutes les alertes que j’avais soigneusement paramétrées — à 6 h, 6 h 15 et 6 h 30 — sont étrangement désactivées. Mon cœur s’emballe. Comment est-ce possible ?
Je fonce vers la cuisine, encore coiffée de mèches rebelles, et implore ma belle-mère de m’emmener en urgence. Elle sirote son café, imperturbable, et me lance, glaciale :
« Tu es en retard ? Peut-être que la médecine n’est pas faite pour toi si tu n’arrives même pas à régler une alarme. »
Mon esprit tourbillonne, je suffoque presque. Soudain, mon petit frère Jason, tout juste huit ans, s’avance et déclare d’une voix ferme :
« Je sais qui a éteint ton réveil, Emily. Je l’ai vue la nuit dernière, c’est Linda. »
Ma belle-mère pâlit, balbutie qu’il invente, mais Jason persiste. Il tient à la main un téléphone où l’on entendait mon dernier réveil, et explique qu’il a prévenu la police pour qu’on n’ait pas à abandonner mes chances. En quelques minutes, deux officiers pénètrent dans la maison. Après avoir écouté notre version, ils proposent de m’escorter jusqu’au centre d’examen.
Sur le chemin, les sirènes se faufilent dans la circulation matinale tandis que je serre le volant du véhicule de police. À l’arrivée, malgré l’heure tardive, les examinateurs acceptent ma situation et m’invitent à rejoindre la salle.
Quelques heures plus tard, je ressors vidée mais soulagée. Mon père est là, inquiet, et scande l’innocence de Jason avant de faire face à Linda. Sous nos regards, elle admet avoir saboté mon réveil par jalousie et égoïsme. Mon père, implacable, lui ordonne de quitter la maison.
Tandis qu’elle s’éloigne, je prends la main de Jason, le cœur gonflé de reconnaissance. Grâce à son courage, j’ai pu passer mon concours et, quoi qu’il arrive, je sais que je marcherai désormais sans crainte vers mon rêve de devenir médecin.