Je me suis longtemps bercée d’illusions, me répétant que tout allait bien, que ce n’était qu’une mauvaise période, un orage passager. Mais au fond de moi, je le savais déjà : mon monde s’écroulait lentement, implacablement, comme un château de cartes prêt à s’effondrer sous le moindre souffle. Pourtant, chaque matin, je me forçais à me lever, à sourire, à prétendre que tout était normal. Comme une actrice sur une scène vide, jouant un rôle qui ne me ressemblait plus.
Sur ces photos, il est là, rayonnant, insouciant, comme si le bonheur était gravé sur son visage. Je les scrute sans fin, ces images qui me déchirent le cœur à chaque regard. Car je vois cet homme que j’aimais, que je pensais connaître à jamais, mais qui s’est mué en un étranger glacé. Chaque cliché capture son regard, son sourire, mais aussi ce vide abyssal qui nous a engloutis, ce gouffre impossible à franchir.
Je me remémore les jours où tout semblait possible, où l’amour nous embrasait, où nos cœurs battaient à l’unisson. Mais insidieusement, les silences ont envahi notre quotidien, les regards se sont évités, les mots se sont tus, et les promesses se sont effondrées comme des murs de sable. J’ai supplié, imploré, cherché des réponses dans l’obscurité, mais tout ce que j’ai reçu, c’est le froid glacial de son indifférence, la distance insoutenable d’un amour qui mourait.
Et puis, ce jour fatidique, le plus terrible de ma vie. La vérité est tombée sur moi comme un coup de poignard, brutal et sans appel. Il ne m’a même pas regardée. Son visage était un masque impassible quand il a murmuré, sans une once d’émotion : « C’est fini. » Comme si j’étais devenue invisible, comme si tout ce que nous avions vécu n’avait jamais existé. La rage m’a consumée, puis une douleur abyssale m’a submergée. Comment pouvait-il se transformer ainsi, devenir ce monstre insensible que je ne reconnaissais plus ?
Pourtant, au milieu de cette tempête, il y a ces photos. Ces fragments de notre passé figés dans le temps, témoins silencieux d’un « nous » qui fut réel. Ces images sont à la fois mon trésor et ma malédiction, le poids lourd de ce qui s’est brisé.
Aujourd’hui, je suis brisée, écorchée vive, mais pas vaincue. Je me bats dans l’ombre, pour recoller les morceaux de mon âme éclatée. Je sais que je mérite mieux que cette douleur déchirante, que cette solitude à deux. Je veux tourner cette page sanglante, mais ces photos, elles resteront là, gravées dans mon cœur. Elles racontent ma perte, mais aussi le courage indomptable qu’il m’a fallu pour me relever.