Dans une petite ville tranquille près de Lyon, Aurélie et son mari Guillaume étaient mariés depuis dix ans. Leur vie semblait idéale, avec deux enfants, Théo, âgé de dix ans, et Margaux, trois ans, qui apportaient de la joie dans leur appartement. Mais cet espace devenait trop exigu pour leur famille grandissante, et ils rêvaient d’une maison plus grande. Aurélie pensait reprendre le travail pour économiser, mais la vie en décida autrement, et ce changement allait bouleverser leur relation.
Un jour, Aurélie découvrit qu’elle était enceinte d’un troisième enfant. Bien que la nouvelle fût inattendue, elle en était profondément heureuse. « Un enfant de plus, c’est une bénédiction », se disait-elle, sûre que Guillaume partagerait cette joie. Mais sa réaction fut loin d’être celle qu’elle attendait, froide et brutale.
— On en a déjà deux, Aurélie ! C’est vraiment nécessaire ? cria-t-il, furieux.
— Je veux ce bébé, Guillaume, répondit-elle, calme. Je suis déjà enceinte. Peu importe le sexe. Ou tu veux que je fasse une IVG ?
— Je n’ai plus droit de parler ? riposta-t-il. Je t’ai toujours dit que trois enfants, c’était trop. Ça devrait être une décision à deux, pas un caprice ! On en a parlé, et tu ne m’as jamais dit que tu voulais un autre enfant. Notre famille me va très bien comme elle est. Trois enfants, c’est hors de question !
Guillaume détestait les familles nombreuses. Pour lui, avoir plusieurs enfants signifiait la misère. « Ces enfants finiront comme leurs parents, à se battre toute leur vie pour survivre, » disait-il souvent. Aurélie ne partageait pas cette vision, mais elle n’aurait jamais cru que cela les séparerait.
— Tu ne comprends pas ? s’indigna-t-elle. Ce ne sera pas une “portée”, Guillaume ! Oui, on aura une famille nombreuse, mais cela ne justifie pas tes paroles. Je vais accoucher, je resterai à la maison quelques années, puis je trouverai un travail, et tout ira bien. On ne sera pas ruinés pour un enfant de plus !
— Trouver un travail ? ricana-t-il. C’est ça, oui.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Son cœur se serra de douleur.
— Réfléchis un peu. Ça fait dix ans qu’on est ensemble, et tu n’as travaillé qu’une seule année. Le reste du temps, tu es restée à la maison avec les enfants. Tu les as nourris, soignés, je sais, mais as-tu pensé qu’en attendant, je portais tout sur mes épaules ? Tu ne t’es jamais plainte de ne pas travailler, et je n’ai rien dit, parce que je croyais que c’était normal. Mais là, tu veux un troisième enfant, et je dois juste accepter ?
Aurélie, choquée, ne trouva pas de mots.
— Tu crois que je n’ai rien fait ? Sa voix tremblait. Je me suis sacrifiée pour la famille, et maintenant, tu me reproches de ne pas avoir travaillé ? Tu ne m’as jamais dit ça avant !
Guillaume se leva, se dirigea vers la fenêtre, et se perdit dans ses pensées. Son silence ne fit qu’attiser la colère d’Aurélie.
— Alors parle, répliqua-t-elle en haussant la voix.
— Tu ne comprends vraiment pas ? Ses yeux brillaient de colère. Quand on s’est mariés, tu travaillais dans un magasin. Mais après Théo, tu n’as pas voulu retourner au travail. Ensuite, tu as trouvé un autre job, mais tu as refusé de faire les trajets. Et aujourd’hui, après Margaux, tu « cherches toujours ». Et maintenant, un troisième enfant ! Tu me prends pour un idiot ?
Aurélie resta figée, choquée. Le silence s’installa, lourd et pesant.
— Tu crois vraiment que j’ai voulu tomber enceinte pour ne pas travailler ? murmura-t-elle, brisée. Si tu passais autant de temps avec les enfants que moi, tu comprendrais à quel point c’est difficile. Toi, tu es au bureau, pendant que je m’occupe d’eux, à la maison, à vivre de ton salaire !
— Voilà comment tu parles maintenant ? rétorqua-t-il, glacial. Oui, je suis au bureau, mais c’est grâce à mon salaire que tu restes à la maison. Et je ne veux pas que tu prennes un congé maternité. C’est ton choix, pas le mien !
— Donc tu ne veux pas de cet enfant ? Sa voix se brisa.
— Non, je ne veux pas de ce bébé ! s’écria-t-il. Si j’avais su que tu refuserais de travailler, je ne t’aurais jamais épousée.
— Tu es sérieux ?
— Ne fais pas d’erreur, Aurélie. Si tu veux garder ce bébé, fais-le. Mais je te préviens, je m’excuserai, mais ce sera fini entre nous.
— Jamais ! cria-t-elle. Ce bébé vivra, et il est ma priorité !
Une semaine passa sans qu’ils ne se parlent. Guillaume ne répondait plus à ses appels, et Aurélie voyait leur famille se briser lentement. Le week-end suivant, ses parents vinrent pour essayer de la raisonner, sur demande de Guillaume. Mais même eux restèrent indécis.
— C’est votre affaire, dit prudemment sa mère.
— Vous voulez que j’accepte un troisième enfant ? explosa Guillaume. Jamais ! Je ne veux pas être le père de trois enfants ! Et je ne veux pas d’une femme qui reste à la maison à ne faire que des enfants. Si Aurélie garde ce bébé, on va tout perdre !
Tous les regards se tournèrent vers lui, sidérés. Aurélie n’en put plus.
— Tu es sérieux ? hurla-t-elle. Si j’accouche, ce sera ma faute si on n’a plus d’appartement ni de vacances ?
Sa colère ne fit qu’alimenter la sienne.
— Oui, c’est à cause de ton enfant ! répliqua-t-il. Un troisième, puis un quatrième. Et après ? On vivra dans la pauvreté pour tes caprices ?
Aurélie éclata en sanglots. Ses parents tentèrent de la calmer, mais en vain. Sa mère essaya de raisonner Guillaume, mais il resta inflexible. Elle espérait que ses beaux-parents l’aideraient, mais ils soutinrent pleinement Guillaume.
— Réfléchis bien, lui dirent-ils, mais Aurélie comprit qu’ils parlaient de l’IVG.
— À quoi bon discuter ? dit Guillaume. Elle veut juste enfanter et rester à la maison !
Ce fut la goutte d’eau. Ce soir-là, Guillaume partit chez ses parents après avoir lancé :
— Réfléchis bien. Je ne reviendrai pas sur ma décision. Si tu accouches, on divorce.
Aurélie choisit son enfant. Guillaume promit de payer une pension, mais ajouta :
— Je prendrai Théo, et Margaux restera avec toi.
Le mariage d’Aurélie et Guillaume prit fin ce jour-là. Ses parents espèrent toujours un retour en arrière, mais Aurélie sait que c’est impossible. Seule avec deux enfants et un troisième en route, elle ne regrette rien. Ses enfants sont sa force, et pour eux, elle est prête à tout.