L’histoire bouleversante de Jeanne : du désespoir à l’espoir retrouvé

Advertisements

Les mots résonnaient encore dans la tête de Jeanne alors qu’elle rentrait chez elle : « Tu n’as réussi qu’à gagner cette ruine ! » Quelle attente avait-elle nourrie, au juste ? Le rêve d’une existence heureuse ? Mais voilà, elle l’avait obtenue, et en paie désormais le prix.

Advertisements

Épuisée, elle laissa tomber ses lourds sacs et s’affaissa sur une vieille souche. Tout avait si bien débuté, ou était-ce un leurre qu’elle s’était elle-même imposé ? Vingt ans de vie commune avec Michaël s’étaient soudainement écroulés un matin, au retour de son service de nuit. Elle découvrit son époux seul, tandis que ses affaires étaient soigneusement empilées à la porte.

— Michaël, que signifient ces affaires ? demanda-t-elle, abasourdie.

Dans sa stupeur, Jeanne n’eut même pas la force de s’en prendre à la jeune femme en robe légère, qui se promenait dans leur appartement.

— Cela veut dire, ma chère, que j’en ai assez de me cacher. Je veux être avec celle que j’aime, pas avec toi.

Advertisements

— Mais Michaël, nous avons partagé vingt années ensemble !

— Justement, vingt années de supplice. Tu as toujours su qu’il n’y avait jamais eu d’amour véritable entre nous. Et puis, c’est toi qui m’as poussé au mariage.

— Comment ça ? Que dis-tu ? Je pensais que tu étais différent… Mais tu n’es qu’un homme ordinaire !

Alors qu’elle s’apprêtait à expliquer que dans tout commencement, on voit la perfection avant que la réalité n’apparaisse, Michaël la coupa net : « Assez, je ne veux plus de tes explications. Fais tes valises, je t’ai déjà demandé le divorce. »

— Où suis-je censée aller ? demanda Jeanne, désemparée.

Michaël ricana, appuyé contre son amante qui riait à son tour.

— Tiens, voilà les clés. Cette maison est pour toi. Tu ne mérites pas mieux.

Sans lui laisser le temps de terminer, il la poussa dehors comme un chat errant et verrouilla la porte. Jeanne entendit le cliquetis à la porte voisine, puis se précipita vers la descente du village, rongée par la honte. Toute la route, les paroles de leur voisine lui revinrent en mémoire : « Elle pleurera avec Michaël. »

Elle avait tant défendu cet homme, le présentant à tous comme un mari exemplaire. En réalité, c’est elle-même qui avait érigé cet homme en idole. Elle pensait suivre l’exemple des romans qu’elle dévorait, une vie comme dans les histoires d’amour parfaites.

Sa mère ne manquait pas de lui reprocher :

« Jeanne, arrête de lire ces bêtises et de rêver à l’impossible ! Dans la vie, les princes charmants ne courent pas les rues, ils sont déjà pris depuis la maternelle. Mieux vaut s’occuper des poules et nettoyer les cochons. »

Jeanne fronçait le nez, impatiente de quitter ce village pour la ville, où elle croyait qu’elle trouverait enfin sa destinée. Plus question de laver le linge à la main, de porter de l’eau ou de couper du bois.

Réaliser ce rêve ne fut pas sans douleur, notamment à cause de Stephan, qui apprit ses projets avec colère. Mais Jeanne rétorqua fermement :

  • « Je refuse de vivre comme vous. »
  • « Alors, notre vie est si mauvaise ? Et Stephan ne te convient pas ? »
  • « J’ai toujours rêvé d’épouser un conducteur de tracteur ! »
  • « Parfois, je me demande si ce n’est pas vous qui avez échangé vos enfants à la maternité : je ne crois pas que je sois votre fille. »

Jeanne éclata de rire :

« Je ne serai pas fâchée si vous cessez de me considérer comme votre enfant. Il vaut mieux cela que de traire les vaches sans honneur ! »

Elle partit, les yeux de sa mère pleins de larmes ne la retinrent pas. Stephan courut jusqu’au point de rendez-vous :

— Jeanne, tu pars déjà ?

Stephan était gentil et lui plaisait, mais elle n’envisageait aucune vie d’avenir avec lui dans ce village.

— J’espère ne jamais revenir ! Que dis-tu ? Si ce n’est moi, il y a les parents ! Mais pour eux, je ne suis qu’une fille inutile.

Le bus arriva, Jeanne monta puis se retourna en criant :

— Emmène cette fille loin d’ici…

Et elle s’installa, laissant la tristesse derrière elle car elle était certaine que le bonheur l’attendait au bout du chemin.

Au début, à l’usine où elle travailla, elle rencontra Michaël, son supérieur hiérarchique. Leur mariage survint après quatre mois d’union. Jeanne se mit à construire la vie dont elle avait rêvé :

  1. Elle entreprit des travaux de rénovation.
  2. Choisit une vasque tendance.
  3. Travaillait principalement la nuit.

Son mari lui suggéra plusieurs fois de reprendre ses études pour progresser socialement, mais Jeanne n’y parvint pas. Bientôt, Michaël devint son modèle, semblant apprécier son rôle avec ses costumes, ses repas appétissants et la maison impeccable. Jeanne soupirait devant ses collègues :

— Oh là là !

Elle ne rentrait presque plus chez elle, d’abord par réticence, puis par honte, puis les années passèrent… Comment se présenter devant sa famille, on ne savait même pas si tous étaient en vie.

Un jour, fatiguée et désespérée, Jeanne s’effondra après une longue marche. Tout semblait s’effondrer autour d’elle, comme si sa vie n’avait été qu’une illusion. Alors qu’elle errait sur un chemin de campagne, une jeune fille désordonnée surgit, poursuivie par un groupe de garçons et deux femmes hurlantes.

La jeune fille, d’origine gitane, risquait d’être maltraitée pour un vol présumé de crème aigre et d’un morceau de lard.

Jeanne, prenant une branche, ordonna :

— Arrêtez tout de suite ! Que comptez-vous faire ?

Les garçons s’enfuirent, mais les femmes restèrent sur place :

— Qui es-tu ? Recule, sinon nous t’apprenons comment on punit les voleuses !

Jeanne, méprisante, leur lança :

— Vous manquez de nourriture pour vos enfants, c’est ça ?

Elle sortit son portefeuille, étala les dernières billets qu’elle avait et les leur offrit :

— Prenez ça. Cessez ces querelles futiles.

Les femmes s’éloignèrent en jurant, et la petite gitane sourit en remerciant Jeanne :

— Tu n’as pas peur ?

— Je suis simplement fatiguée. Je marche depuis longtemps.

— Pourquoi voler alors, toi, gitane ?

La petite haussa les épaules :

— Honnêtement, c’est notre métier.

Malgré tout, la fille sembla sérieuse et proposa de lire l’avenir dans la main de Jeanne :

— Je peux, mais tu ne me croiras pas. Donne ta main.

Après un moment de concentration, elle déclara d’une voix différente :

— Ne regrette pas ce qui est passé. Ce n’était pas vraiment à toi, c’était une punition pour avoir repoussé le bonheur destiné à toi. Tout sera comme avant, là où tu as commis des erreurs.

Jeanne resta perplexe :

— Je ne comprends rien.

La fille rit de bon cœur et répondit normalement :

— Ce n’est pas grave. Quand le moment viendra, tu comprendras tout. Maintenant, je dois partir, il faut que je rentre avant le coucher du soleil.

Elle ramassa sa nourriture, la cacha dans sa jupe et s’éloigna. Jeanne murmura :

— Tous sont étranges, ces gitans.

La maison où elle arriva enfin était en ruine, avec seulement deux fenêtres intactes et une cour envahie par les herbes folles. Elle devina que c’était la résidence des proches de son mari.

Que ferait-elle ici ? Était-ce juste une impulsion pour prouver quelque chose ? Peut-être qu’elle y retrouverait une part de paix. Elle décida de rester quelques jours, au moins un jour pour se reposer, avant de repartir.

Elle nettoya la pièce, arrangea le lit avec une vieille couverture et s’allongea. Les larmes coulèrent malgré elle, alors que vingt années de vie semblaient soudain s’effacer.

Elle n’entendit pas tout de suite une voix à l’intérieur :

— Y a-t-il quelqu’un ici ?

Effrayée, elle bondit :

— Qui est là ?

Elle pensa que tout était fini, mais ouvrit la porte lentement.

Un homme aux épaules larges se retourna, surpris :

— Oh, vous m’avez fait peur ! Vous cherchiez des vies, alors que je suis là. Je viens de la chasse, ma voiture est en panne devant la maison. J’ai pensé qu’elle était vide et que je pourrais y passer la nuit.

Jeanne redressa la tête :

— Comment es-tu arrivé ici, dans ce trou paumé ? Tu sais que j’habitais en ville, avec mon mari… Stephan, je suis contente de te voir. Que s’est-il passé ? Pourquoi pleures-tu ?

Les deux se laissèrent emporter par les émotions. Stephan prit place et versa un peu de liquide dans des gobelets en plastique :

— Allez, Jeanne, un coup d’un trait. Cela t’aidera à parler.

Jeanne raconta tout d’une traite, tandis que Stephan écoutait attentivement.

— C’est ainsi que j’ai gâché vingt ans de ma vie à cause de ma propre naïveté.

— Ne crois pas que tout soit perdu. Ce qui compte, c’est de reconnaître le chemin erroné.

— Aujourd’hui, la gitane m’a dit que je ne devais rien regretter et que je retournerais là où j’ai commis mes erreurs, nombreuses et innombrables.

Stephan posa une main réconfortante sur la sienne :

— Commence à corriger cela. Tu as une chance, peu de gens en ont autant.

— Je me sens coupable auprès de mes parents.

— C’est vrai, mais ils te pardonneront, j’en suis sûr.

Jeanne le regarda avec hésitation :

— Sont-ils en bonne santé ?

— Bien sûr. Ils ralentissent, mais se portent bien. Maman élève des poules et des canards.

Jeanne éclata encore en larmes :

— Mon Dieu, comme j’ai été stupide ! Allons dormir, demain nous repartons. Nous retournerons là où tu es partie autrefois.

Ils s’endormirent côte à côte, vêtus, cherchant chaleur et réconfort dans la proximité. Stephan la serra contre lui, et Jeanne sombra immédiatement dans le sommeil.

À son retour, sa mère ne lui laissa pas le temps de parler. Enlacée, elle pleura. Jeanne comprit alors qu’elle ne répéterait jamais son abandon et préférerait mourir plutôt que de quitter encore ses parents.

Le village sembla oublier son départ long de plusieurs années. Les habitants la saluaient, remarquant qu’elle avait changé, qu’elle brillait de nouveau.

Au bout de deux jours, son âme commença à s’adoucir. Elle essaya d’aider sa mère aux travaux, mais celle-ci la força à prendre du repos :

— Repose-toi après la ville.

Et Jeanne se reposait. Sa chambre était restée intacte, propre et équipée de linge frais, résultat des soins réguliers de sa mère qui attendait son retour.

Très tôt, le troisième jour, un coup retentit à la fenêtre. Jeanne sursauta, voyant la tête de Stephan apparaître.

— Pourquoi cette peur ? Allez, prépare-toi, nous allons à la pêche. Je t’ai pris une canne.

Un rire léger sortit de ses lèvres. C’était exactement comme il y a plus de vingt ans : il la réveillait pour aller pêcher, que cela lui plaise ou non. Elle s’échappa par la fenêtre et se blottit contre lui.

— Stephan, tu es incroyable.

Il la regarda sérieusement :

— Tu ne pensais pas cela avant.

Jeanne sourit :

— J’étais naïve avant, maintenant je suis plus sage.

— Veux-tu m’épouser ?

Jeanne devint sérieuse :

— Si tu me demandes, peut-être que je dirai oui.

Puis elle éclata de rire :

— Mais il faudra me rattraper d’abord !

Elle se précipita vers la rivière. Peu importait qu’elle approche de ses 42 ans, elle était redevenue cette jeune fille pleine d’erreurs, mais aussi d’espoir.

Un an plus tard, elle s’occupait déjà du petit Egor…

En conclusion, cette histoire raconte le parcours d’une femme confrontée à la trahison et au désespoir, qui trouve la force de renaître en revenant aux racines, à l’amour familial et à la simplicité de la vie. Malgré les coups durs et les erreurs du passé, l’espoir et la rédemption restent accessibles, même après de longues années de souffrance.

Advertisements