La salle de réunion au dernier étage de Delorme Capital surplombait les toits de Lyon. Le bois sombre de la table brillante contrastait avec les grandes baies vitrées donnant sur une ville noyée dans la bruine du matin. Une tension silencieuse régnait autour de la table où sept silhouettes en costume regardaient fixement le PDG, Thomas Delorme, un homme de 63 ans, au visage sévère et aux cheveux poivre et sel parfaitement coiffés.
Devant lui : un dossier noir, épais. Un contrat de cession partielle à un fonds luxembourgeois, censé sauver son entreprise en difficulté. Un seul paraphe, et la société conserverait ses bureaux, ses équipes, ses partenariats… En apparence.
Marie, 34 ans, fine et énergique, portait un blazer bleu impeccable. Elle était la directrice financière de Thomas, debout, une main levée comme pour saluer ou confirmer le feu vert. Les six autres hommes tournaient leurs regards entre elle et le PDG, attendant son geste. Les stylos étaient débouchés. Le silence était lourd.
Un son discret se glissa dans ce brouhaha silencieux : le déclic d’une porte derrière eux… Puis une phrase, presque murmurée :
« Ne signez pas, monsieur Delorme. »
Il se tourna lentement. Une femme d’environ 60 ans, petite, aux cheveux châtains grisonnants attachés à la va-vite, se tenait là, en tenue de service grisâtre, tenant encore un balai dans sa main tremblante. C’était Sabine, la femme de ménage, que presque personne ne regardait lorsqu’elle passait le soir entre les bureaux.
« Qu’est-ce que vous venez de dire ?! » s’énerva Louis, l’un des conseillers juridiques, rouge de colère. « C’est inadmissible ! »
Sabine serra les poings, sa voix toujours brisée mais claire :
« Ce contrat n’est pas ce qu’il semble être. Monsieur Delorme… j’étais juriste fiscaliste avant. Avant que mon fils meure… avant que je perde tout… J’ai vu ces clauses, j’ai lu les pièces dans la salle d’impression. Elles cachent un transfert d’actifs. Vous allez tout perdre. »
Un rire méprisant s’échappa de plusieurs bouches.
« Mais enfin, on ne va pas écouter une femme de ménage, maintenant ? » murmura l’adjoint du PDG.
Mais Thomas ne souriait pas. Il connaissait Sabine depuis des années, sans jamais se demander pourquoi une femme avec tant d’intelligence se contentait de nettoyer des moquettes et de vider des corbeilles chaque nuit. Il fixa le contrat de nouveau. Prenant le document, il tourna les pages plus lentement, s’arrêtant sur une clause rédigée de manière complexe. Son front se plissa.
« Marie », dit-il sèchement. Sa directrice leva un sourcil, confuse. « Vous avez étudié cette annexe ? »
« Bien sûr. Légalement, c’est en règle », répondit-elle vite, un ton trop assuré.
Un long silence. Puis Thomas posa le stylo.
« Le conseil est suspendu. »
La stupeur se lut sur les visages. Certains protestaient, criaient à la folie. D’autres restaient pétrifiés. Marie pâlit. Et Sabine, toujours debout dans l’encadrement, ne bougeait pas.
Trois semaines plus tard, Delorme Capital déposait le bilan. On découvrit que les avocats du fonds luxembourgeois avaient infiltré certains membres du conseil, dont Marie, qui avait touché des commissions occultes pour faire passer l’accord.
Thomas perdit son entreprise—mais pas son honneur.
Sabine, elle, disparut du jour au lendemain. Elle ne revint plus jamais au bureau.
Révélations et Résilience : Le Combat Pour la Justice
Six mois plus tard, dans une salle de réunion baignée par une lumière froide, un nouveau groupe s’était formé chez Delorme Capital. Autour de la table, six hommes en costume, sérieux et concentrés, écoutaient attentivement. Marie, vêtue d’un blazer bleu impeccable, se tenait debout, un sourire forcé sur le visage, levant la main pour donner un signe d’accord à l’un des hommes assis au centre.
« Nous avons de nouvelles preuves », annonça l’un d’eux, ajustant ses lunettes. « Des documents cryptés découverts grâce à une enquête indépendante. Ils confirment les manipulations qui ont conduit à la chute de Delorme Capital. »
Marie prenait la parole, la voix tremblante mais ferme : « Nous devons aller plus loin. Ce n’est pas seulement une question de perte financière, mais de rétablir la vérité et de faire justice, pour Thomas, pour Sabine, et pour tous ceux qui ont été trahis. »
Une fenêtre s’ouvrit sur la ville de Lyon, toujours sous la pluie fine qui semblait laver les blessures du passé. Thomas, désormais absent, semblait plus présent que jamais dans cette salle où chaque document, chaque décision, portait le poids de leur combat.
Marie ajouta alors, « Je propose que nous fassions appel aux autorités compétentes et que nous lancions une procédure judiciaire contre les instigateurs. Nous ne pouvons plus retarder ce combat. »
Les regards autour de la table étaient résolus. Une alliance improbable s’était créée, une force nouvelle née des cendres de la trahison.
Alors que la réunion se terminait, une question brûlante restait en suspens : où était Sabine ? Sa disparition mystérieuse devenait le symbole d’une injustice plus grande. Certains dans la pièce échangèrent un regard silencieux, conscients que retrouver Sabine pourrait être la clé pour finir ce chapitre douloureux, et peut-être commencer une nouvelle ère pour Delorme Capital.