Dans une petite gare d’une ville provinciale, la vie battait son plein dès les premières heures du matin. Le quai était bondé de gens pressés, discutant et tirant derrière eux des valises lourdes. Parmi cette agitation, une joyeuse bande se distinguait, venue dire au revoir à un jeune homme qui partait pour son service militaire.
À la gare, il n’a pas été accueilli par sa fiancée, mais par une femme des rues, portant un enfant dans ses bras… Le soldat s’immobilisa un instant, confus, avant de prononcer : « Qui êtes-vous ? »
Dans ce moment poignant, la joie et la tristesse se mêlaient. Non loin, un homme jouait une mélodie entraînante à l’accordéon, attirant immédiatement l’attention de tous ceux présents. Certains se mirent à chanter, d’autres à danser, tandis que d’autres encore ne pouvaient retenir leurs larmes, partagées entre la joie et la tristesse.
Tous les regards étaient fixés sur la figure centrale – un jeune soldat nommé Kirill. Grand, avec un sac à dos en bandoulière, il se tenait dans la foule. Un léger sourire éclairait son visage, mais ses yeux trahissaient une inquiétude palpable.
Aux questions qui fusaient autour de lui, il répondait par des phrases courtes, hochant la tête, essayant de calmer les esprits. Malgré l’attention qu’il recevait, il ne quittait pas des bras la fine silhouette de Ksyusha, qui se blottissait contre lui, pleurant silencieusement et cachant son visage.
Cette scène tendre de séparation faisait sourire certains et remplissait d’une amère nostalgie d’autres. Kirill et Ksyusha avaient grandi ensemble dans le même quartier : il l’aidait à faire ses devoirs, la protégeait des moqueries dans la rue, et elle lui apportait des cahiers quand il était malade. Leur amitié, comme les saisons qui passent, était constante, et même lorsque des sentiments plus forts naquirent entre eux, ils cherchaient à préserver la douce harmonie qu’ils avaient cultivée pendant des années.
À côté d’eux, une femme d’âge moyen, soutenue par les bras réconfortants de Kirill, semblait forte en apparence, mais ses larmes discrètes trahissaient la douleur de cette séparation. Un autre homme, semblant être un symbole de soutien, venait de temps en temps tapoter l’épaule du soldat. Les parents et proches espéraient que ce moment d’adieu durerait éternellement, mais soudain, un long sifflement de train se fit entendre.
Le groupe se tut, et les accords de l’accordéon cessèrent. Tous les regards se tournèrent vers le train qui approchait, comptant nerveusement les wagons. « Notre train est arrivé ! » s’écria quelqu’un de la compagnie.
« Kirill ! Juste à temps ! » s’exclamèrent les proches, joyeux, quand le wagon s’arrêta juste en face d’eux. À cet instant, famille et amis se précipitèrent pour l’embrasser, le câliner et lui souhaiter le meilleur. « Sois digne, mon fils ! » dit son père d’une voix ferme, mais avec une légère tremblement, avant de le serrer dans ses bras.